Vitya avait eu jusqu'à cet instant précis une journée des plus normales. Un petit déjeuner pris en vitesse, l'esprit encore embrumé par le sommeil, additionné à des équations d'arithmancie apparemment incrustées derrière ses paupières, si ce n'est devant. Il avait eu le désagréable plaisir de s'endormir sur son livre de calcul la nuit précédente, et possédait pour le moment la jolie marque de la couverture sur la joue, mais personne ne lui en avait fait la remarque, ce qui était prudent vu la vitesse à laquelle il faisait voltiger son couteau papillon. Même dans les vapes, ses réflexes restaient certains, et l'adolescent aurait eu de plus l'excuse de la fatigue pour blesser quiconque l'approcherait. Enfin, quiconque. Un Fred plus brave que les autres avait réussi à lui faire ingurgiter suffisamment de thé noir pour qu'il revienne dans le monde des vivants, et ce en leur offrant un très beau spectacle interdit aux mineurs en pleine grande salle, avant que l'un des nombreux serdaigles ne lâche un soupir de désespoir et ne leur rappelle qu'ils avaient cours. Ah, oui. Oops. Se dégageant comme il pouvait de son petit ami, Vitya avait filé vers sa deuxième partenaire préférée, la salle de classe, pour jouer à l'élève assidu qu'il était devenu depuis son arrivée à Poudlard. Il fallait dire que des années de tuteurs plus coincés les uns que les autres et de demandes auprès d'Oxana, Vladimir ou Alex ne lui avaient pas permis de comprendre à quel point l'apprentissage par l'oral lui était bénéfique. Tout était tellement plus facile à apprendre comme ça ! Plus jeune, il n'avait jamais eu l'occasion de se rendre compte qu'il lui suffisait d'écouter pour savoir quelque chose, mais il en profitait désormais honteusement. Lire restait de cette manière un plaisir, un loisir, et il avait moins de remords à avoir d'autres loisirs puisqu'ils ne prenaient pas de temps sur son apprentissage. À d'autres qu'il aurait eu des remords même autrement, mais bon, Vitya se voilait très bien la face, c'était une caractéristique familiale développée.
Bref, il avait eu une matinée parfaite. Pas assez de Fred à son goùt, un peu trop de devoirs, mais autrement, le calme plat. Pas un seul nuage à l'horizon, même le ciel semblait être de la partie et promettait aux élèves sans cours de pouvoir passer une partie de l'après-midi à lézarder au soleil, dans l'herbe. Vitya ne faisait pas partie de la foule d'élèves préférant se retrouver en extérieur en permanence, pas dans un environnement aussi... domestiqué. Les seuls moments où il aimait être dehors, c'était chez lui. Ou seul, au milieu d'un champ de neige. Mais pas en pleine école, les oreilles remplies des différents langages parlés par les élèves. Non, il lui avait semblé plus prudent de proposer à son petit ami de se trouver un moment seul à seul dans un coin, sans gêner personne. Le château était tellement vieux qu'il y avait bon nombre de classes abandonnés, de couloirs sans issue, d'alcôves cachées, pour que les amoureux de l'école aient leur intimité, et si les professeurs s'en doutaient, ils fermaient les yeux. Pas vu, pas pris !

Contrairement à l'opinion populaire qui voulait que Vitya ne soit qu'un Bielova de plus assouvissant ses pulsions veelas avec le premier mec à tomber sous son charme, il était très amoureux de son Weasley. Suffisamment, en tout cas, pour que les dites pulsions ne servent à rien, et qu'il soit tout à fait capable de passer du temps avec lui sans vouloir lui sauter dessus. Non, ca c'était pour d'autres moments tout aussi plaisants, mais ils aimaient simplement rester ensemble à discuter, à faire la sieste ou même lire. Et là, ce qu'ils avaient fait, c'était ça. Un livre sur les genoux, dans les bras de Fred, l'écoutant distraitement lui raconter une anecdote sur des gryffondors, tout allait bien. Jusqu'au moment ultime.
Celui où un frisson parcourut Vitya, une sensation de vide et de froid bien étrange et pourtant familière. Suivie par celle d'une impression de caresse, de chatouilles, sur sa cheville. L'adolescent n'était pas ultra sensible, au contraire, mais ça, il l'aurait reconnu entre milles : araignée.
Devenant soudainement raide comme un piquet, ne pouvant respirer, espérant qu'il s'était trompé, il ne fallut pas longtemps pour que le mouvement ne recommence, et que la vilaine petite bébête ne reprenne son chemin, montant vers son genou. Ceux qui le trouvaient pâle auraient du le voir à ce moment précis, blanc comme un linge, les lèvres quasiment violettes de peur. Fred, habitué à ce qu'il ne parle pas beaucoup, n'avait pas tout de suite compris l'urgence de la situation, et ce ne fut qu'après quelques secondes qu'il se pencha sur le russe pour savoir ce qui lui prenait. Sortant ainsi l'adolescent de sa torpeur, le faisant bondir en hurlant, éclatant au passage le nez du dit petit ami. Moi aussi je t'aime Fred, mais là désolé y'a urgence. Bondissant partout, se frottant la jambe tout en tremblant, il devait faire un bien piètre spectacle, mais depuis qu'il était tout petit, il avait en horreur toutes les araignées. Les grosses les petites les velues les sages les méchantes, bref, toutes. Pour un Bielova, c'était un peu la loose que d'avoir une phobie aussi commune, mais tout le monde ne pouvait pas avoir les trucs cools. Et il n'était pas vraiment un Bielova comme les autres, de base.
Fred, bien que se tenant le nez et semblant souffrir, trouva le moyen de se moquer gentiment de lui, oubliant que si, en d'autres circonstances, il était l'un des seuls à avoir le droit de l'embéter, quand Vitya était en panique, cela ne tenait plus. Et il dut faire un bond lui même assez comique pour éviter le couteau venant dans sa direction.

Le russe ne s'en rendit même pas vraiment compte, tout à sa panique, et ce ne fut qu'une fois le sort pour éradiquer toute présence à huit pattes dans un rayon de trois mètres lancé (trois fois) qu'il entendit le silence. Toujours secoué par cette horrible rencontre, il regarda autour de lui, confus, avant de comprendre que Fred semblait avoir mis les voiles. Et forcément, se rappeler de ce qu'il avait fait. Sa panique changea alors de raison, mais resta essentiellement la même, et se mordant les doigts, le jeune homme s'insulta. Il avait blessé son copain, et en plus, il avait à moitié tenté de le tuer. Que faire ?! Il était possible qu'il ne veuille plus de lui, qu'il ait enfin compris qu'il était un poids, qu'il... Il fallait qu'il voit Lily. Pourquoi elle, aucune raison particulière, mais Vitya avait parfois les idées de personnes à qui se confier les plus saugrenues. Lee était exclue, elle lui dirait surement qu'un de perdu dix de retrouvés, Oxa le gronderait, les garçons se moqueraient, Roxanne le tuerait... Non, il lui fallait Lily. Et Lily il trouva.

Ou plus exactement, il atterrit après une dizaine de minutes sur Lily comme un golden retriever atterrit sur son maitre au retour du travail ; comme une masse. « Lily, t'as vu Fred ? Dis moi que tu l'as vu, je sais pas où il est, il me déteste je suis trop idiot, et t'es allée à l'infirmerie, je crois qu'il est blessé, il veut jamais se faire soigner, pourquoi j'ai fait ca, je vais aller me pendre, frappe moi, s'il te plait Lily, je sais pas quoi faire!! »

BON. Bah bon courage Lily pour capter de quoi il parlait tout en s'assurant qu'il n'y aurait pas de victimes collatérales à sa panique. Quoique, pour ça, c'était peut-être déjà un peu tard, si le « Thud » et le cri étranglé entendu un peu plus tôt étaient des indicateurs corrects d'un élève planté au mur par trois couteaux dans le col de sa chemise.

Installée dans un canapé de la salle commune des Serpentard, Lily travaillait. La pièce était silencieuse, ce qui changeait agréablement de l’ordinaire, permettant ainsi à la vipère de terminer tranquillement son devoir de défense contre les forces du mal. De temps en temps, ses yeux gris quittaient sa copie pour faire un tour d’ensemble de la salle commune pour être bien sûre qu’aucun vert et argent ne s’apprêtait à lui faire une crasse, et retournaient sur sa copie. Comment différencier un loup-garou d’un loup normal ? Quand ils avaient eu ce devoir-rappel de troisième année, Jim avait ricané et Lily lui avait lancé sa gomme. Et elle avait ri avec les autres quand Iris avait posément fait remarquer à leur professeur que toute personne normalement constituée fuyait devant un loup-garou, et ne s’amusait pas à rester avec lui pour voir la différence entre lui et un loup normal. Même Jim en avait ri, lui qui n’avait pas du tout fait pareil, et qui était allé se jeter tout droit dans … Eh bien, dans la gueule du loup-garou, justement. Finissant sa cinquième page de parchemin, la vipère rangea ses affaires et monta son travail dans la salle commune, fit une caresse à son chat noir aux yeux d’or qui ronflait sur son oreiller, et redescendit pour quitter la salle commune et prendre un peu l’air. Retrouver Iris, par exemple ! Iris, sa cousine … Même avec un an de recul, Lily ne parvenait pas à la voir comme sa cousine éloignée, mais les faits étaient là, vu qu’elle était la fille du cousin de son père. Eh bien, heureusement qu’elles en étaient restées au stade de la provocation et qu’elles n’avaient jamais couché ensemble … Parce que si Lily sortait avec les garçons comme avec les filles, elle avait de suite plus de mal avec les membres de sa famille, même de sa famille éloignée. Les mains dans les poches, la Serpentard se dirigeait vers les étages, espérant trouver Hugo et Iris à la bibliothèque, quand d’un coup un Fred Weasley de fort méchante humeur faillit lui rentrer dedans.


Lily retint à grand-peine un sourire amusé. Les disputes entre Fred et Vitya étaient toujours rigolotes, parce que le Serdaigle avait pour habitude d’utiliser ses couteaux sur qui l’emmerdait, et le Gryffondor avait sur lui un arsenal de farces et attrapes magiques qui promettaient de longues heures de souffrance, de ridicule et d’humiliation devant tout le monde. Cependant elle redevint rapidement sérieuse devant le regard furibond de son Gryffondor de cousin, qui avait l’air de vouloir étrangler la Terre entière pour laver cet affront qu’on lui avait fait.


Lily, qui accompagnait son cousin à l’infirmerie, pila net. Vitya lui avait envoyé un couteau, à lui ? Il avait signé son arrêt de mort. Se reprenant, elle recommença à marcher pour accompagner Fred, mais se montra d’un coup beaucoup plus curieuse. Il ne s’agissait plus d’une de leurs engueulades où ils s’envoyaient des vacheries bien senties devant tout le monde, l’aiglon avait tenté d’épingler son cousin au mur.


Et il recommença à râler. Prudente, Lily ferma son clapet, connaissant bien son cousin. Il allait passer deux à trois heures pour lâcher tout ce qu’il pensait en râlant à qui voudrait bien l’entendre, puis il s’arrêterait, soupirerait que ce mec est vraiment un connard, et irait le retrouver pour lui coller une beigne, l’engueuler vertement, et faire comme si rien ne s’était passé. Là, il en était au stade râler sur quelqu’un. Lily était le quelqu’un, et elle allait obligeamment le laisser déverser toute sa rancœur sur elle. Normal, c’est son cousin quoi. Elle l’abandonna à l’infirmerie et reprit sa route, cherchant toujours à rejoindre Iris et Hugo pour travailler avec eux. Mais alors qu’elle tournait à l’angle d’un couloir, une nouvelle personne lui tomba dessus comme une brique. Vitya en mode panique qui lui demandait en anglo-russe si par hasard elle n’avait pas vu Fred parce qu’il l’avait blessé, qu’il s’en voulait à mort, et patati et patata. Ah, le mode panique, comme Lily l’avait prévu.


La vipère coupa court assez rapidement au mode panique de son camarade bleu et noir. Depuis que le Serdaigle lui parlait en vitesse, elle avait eu le temps de faire craquer ses doigts un à un, de les refermer en poing, poing qu’elle envoya sèchement dans la mâchoire du Serdaigle qui en tomba à la renverse sous la violence du choc. Quand il s’agit de sa famille, elle n’a pas pour habitude de brider sa force. Vitya, sonné, arrêta d’un coup de parler, ce qui était plutôt reposant aux oreilles de la vipère.

Vitya savait que c'était une mauvaise idée, de demander à Lily de le frapper, mais il avait quelque peu zappé que la jeune femme prenait tout au premier degré. Surtout question famille. Et puis, surement, elle l'aurait fait même s'il ne l'avait pas demandé. Parfois, c'était nul d'être lui, surtout quand on avait une Potter en colère en face. Avec une vilaine force dans le poing. Mais bon, tant pis. Par un effort de volonté assez impressionnant, le jeune homme n'avait pas sorti les couteaux au moment où son cerveau avait enregistré la douleur, et il était désormais en train de se tenir la machoire, les yeux un peu ronds. Oui, quand on est petit dernier, même si on se fait taper, c'est rarement à pleine puissance. Chose que Lily ne se dérangeait pas pour mettre dans ses coups. Toutefois, ce coup avait eu l'avantage de le faire arrêter de piailler et écouter un peu plus attentivement ce que disait la jeune femme. Fred, infirmerie, check. Insultes et menaces de rompre, check. Quoi, ce n'était pas sensé lui faire ni chaud ni froid ? Même s'il paniquait assez vite, et qu'il avait lui même eu peur de ça quelques secondes plus tôt, il pensait connaître suffisamment son petit ami pour savoir que lorsqu'il parlait de rompre, c'était qu'il n'en avait aucunement l'intention. Et puis même s'il voulait rompre, Vitya ne le laisserait pas faire. Il y avait une raison pour qu'il se soit attaché à ce rouge là, ce n'était pas pour qu'il lui file entre les doigts comme ca. Même s'il avait perdu ses moyens.
Enfin, Lily ne parlait pas que de ca, et maintenant qu'il était assez calme pour tout comprendre, son mouvement suivant fut de croiser les jambes. Innocemment, pas du tout pour protéger une partie de son anatomie. Plus avoir de relations sexuelles, eeep. Mauvais plan.
« Mais si tu fais ca, Fred il sera pas content. » Oui parce que parfois, Fred aimait bien se faire épingler. Même si c'était plus souvent Vitya qui finissait contre un mur, mais bon.... Ah, fallait éviter de parler de ça en public ? Ces anglais, vraiment. Un peu trop prudes pour lui. « Et puis, j'ai vraiment pas fait exprès. Y'avait cette grosse araignée et... » Hm, comment lui expliquer qu'il avait perdu le contrôle comme un gamin de cinq ans sans passer pour une lopette ? Ca faisait très peur, les araignées. Et puis il ne s'y attendait pas, donc il avait paniqué. En y repensant, Vitya pouvait encore entendre le bruit qu'avait fait le nez de Fred quand il s'était cogné contre lui. Encore heureux que ce n'ait été que son nez....

Se secouant la tête pour ne pas penser à des choses qu'il n'allait pas faire avant un moment, puisque son petit ami était apparemment très en colère, il décida de tâter le terrain. Et puis, peut-être s'excuser. Même si c'était Lily qui l'avait frappé d'abord. Il avait juste cassé le nez de Fred, après tout. … Oui, s'excuser. « Enfin, j'essaierais. Désolé, j'avais pas vu qu'il était si près. Du moins pas que son visage était si près du sien. Ce sont des choses qui arrivent quand on lit un peu trop. Mais je peux l'épingler s'il est sur le point de faire une grosse, grosse connerie? » Non, il n'utilisait pas du tout un regard implorant sur Lily. Comme si ça allait marcher. Ca marchait avec Lee, mais seulement parce qu'elle le voulait bien. Alors avec la serpentarde, il devait tenter d'utiliser la logique. Même si, vu son choc à la tête et à la mâchoire, il allait avoir un peu de mal, pour l'instant. Et un serdaigle sans logique, c'était pas un bon plan.
Avec un peu de chance, toutefois, elle lui donnerait son accord. Ce qui pourrait être utile si un jour Fred rencontrait son paternel. La seule issue possible pour que les deux soient en vie à la fin de la journée serait surement d'utiliser beaucoup, beaucoup de cordes, et des couteaux. Et un lit, pour distraire le gryffondor. Continuant mentalement dans un coin de son esprit à explorer cette possibilité, comme tout jeune homme pervers de dix sept ans en bonne santé, il reprit. Plus il parlait comme une personne sage, responsable, moins Lily risquerait de le frapper encore. Normalement. On ne savait pas trop, avec les serpentards, parfois.

« Sinon... euh, tu vas bien? » Pactiser avec l'ennemi. Ou avec la cousine du mec qu'on vient de manquer de découper en rondelles. Caresser le dragon dans le sens des écailles, etc etc. L'avantage d'avoir lu pas mal de choses était qu'il pouvait utiliser toutes sortes de stratégies un peu débiles pour se sortir d'affaires. Du moins tant qu'il ne pourrait pas se relever sans voir trois mille phoenix danser devant ses yeux. Ah, et aussi.
« Je suis pas un malade mental, tu sais. » Pauvre petit Misha.

Lily envoya un grand coup de poing dans la mâchoire de Vitya. Après tout, ce dernier le lui avait demandé, et même s’il ne le lui avait pas demandé, elle l’aurait fait quand même. Il avait quand même envoyé un couteau dans l’épaule de son cousin. Enfin, avait failli. Heureusement pour lui, il avait manqué sa cible, parce que sinon Lily lui aurait fait subir des choses bien plus terribles qu’un vulgaire coup de pied dans l’entrejambe. D’ailleurs, pour faire bonne mesure, la vipère menaça l’aiglon de lui arracher ladite chose de son entrejambe s’il s’avisait de refaire du mal à son cousin comme ça, et l’aiglon eut le réflexe méritant de croiser les jambes, sait-on jamais qu’elle mette ses menaces à exécution. Cependant, Vitya marquait un point. Si Lily le castrait, Fred ne serait vraiment pas content. Son cousin avait une libido des plus épanouies et apprendre que sa cousine avaut castré son copain ne l’emplirait pas de joie. Pas du tout du tout, même. D’ailleurs, c’était en général le russe qui finissait collé contre un mur. Comment elle sait ça, elle ? Elle écoute Fred quand ce dernier se vante de ses performances sexuelles – en vantant au passage celles de son partenaire. Ah, dommage que Vitya soit homosexuel. Mais bref, passons. Vitya reprit la parole, en disant qu’il avait eu peur de la grosse araignée, faisant sourire Lily d’une manière assez peu engageante.


Elle haussa les sourcils, se moquant à peine de lui. Effectivement, des araignées il y en avait, ils vivaient à la campagne après tout, mais ce n’était pas le pire mal de la maison. Il y avait des serpents, des araignées, des petits scorpions anglais, des cafards qui faisaient hurler Angelina à chaque fois qu’elle en trouvait un dans sa cuisine, et les chats errants tellement mignons que personne n’avait le cœur de les chasser. Finalement, Vitya s’excusa, lui faisant lever les yeux au ciel. Eh oh, elle ressemble à Fred peut-être ? Elle n’a pas la même chose entre les jambes, de la poitrine en plus, quelques centimètres en moins, et heureusement pour elle, elle s’habille de vert et pas de rouge, ouf. Tout ça pour dire que ses excuses, il vaudrait mieux qu’il les fasse à Fred plutôt qu’à elle, tiens. Elle préféra ne pas répondre pour ne pas l’envoyer dans les roses, et se mordit la langue pour ne pas éclater de rire quand il lui demanda d’un air implorant s’il pouvait l’épingler s’il faisait une grosse connerie. Et finalement elle n’y tint plus.


Elle souriait, et une étincelle maligne brillait dans son regard, cependant elle était on ne peut plus sérieuse. Que Vitya s’avise d’envoyer un nouveau couteau sur son cousin et ça allait barder sévère. Et le fait que le jeune russe ait deux sœurs et deux frères ne faisait pas sourciller l’anglaise. Elle-même avait deux frères à qui elle distribuait des coups à chaque fois qu’ils essayaient de la caser ou d’en apprendre plus sur sa vie sexuelle histoire de la charrier un peu. Vitya s’enfonça dans ses réflexions, toujours le cul par terre. Il serait peut-être temps de te relever, mon petit, non ? Alors que Lily allait prendre congé – parce que rester plantée là comme un piquet n’est pas non plus très folichon – il reprit la parole pour lui demander si elle allait bien. Hm. Soit il pactisait avec l’ennemi, soit il avait un truc à lui demander, ou bien les deux. Ca l’étonnerait grandement qu’il fasse ça juste pour le plaisir de la discussion alors qu’il ne devait avoir qu’une envie, celle de courir à l’infirmerie pour voir si Fred allait bien, s’il n’était pas mort, et s’il ne lui en voulait pas trop. Finalement, d’un ton circonspect, elle décida de lui répondre.

« Ouais, je vais bien. Je comptais aller à la bibliothèque pour terminer mon devoir sur les loups-garous avec Iris et Hugo. »

Et demander à Jim de lui servir de cobaye à la prochaine pleine lune pour qu’elle note les différences entre un chien, un loup et un loup-garou. Mais bref, ne nous égarons pas. Il finit par lui dire d’un ton assez décalé qu’il n’était pas un malade mental, et Lily haussa un sourcil d’un air presque insultant, comme si elle se demandait s’il n’était pas, par hasard, en train de se foutre ouvertement de sa gueule.


Lily lui fit un clin d’œil. Vitya, normalement, ne se vexerait pas. Depuis un an qu’il était à Poudlard, il avait eu le temps de comprendre que sa camarade rousse aimait bien jouer sur le racisme et la peur ambiante pour faire comprendre aux gens que c’était un tissu de conneries. S’il ne se vexait pas, ça irait, sinon, elle s’excuserait. Tout simplement. D’un geste machinal, elle tira sur le tee-shirt du russe pour le remettre droit et l’épousseta du plat de la main. Elle résista à l’envie passagère de lui ébouriffer les cheveux, puis elle recula d’un pas.