Selon la rumeur, l’explosion avait retenti jusqu’à la Tour d’Astronomie. Mais Hugo savait qu’il n’en était rien. Il était lui-même en cours de métamorphose lorsque l’explosion c’était produite et il n’avait rien entendu. Ce n’est qu’après qu’il avait été prévenu. Le professeur McGonagall était entrée dans la salle de cours et avait demandé à le voir. Pendant un instant, il y avait eu des ricanements dans la classe. Surtout Fred et Lily, qui semblaient amusés à l’idée que leur cousin allait encore une fois se taper une punition. L’aiglon était donc sortit en tentant de déterminer si McGonagall viendrait réellement le chercher en cours pour cette bête histoire de Yo-Yo hurleurs pendus à l’intérieur des armures de l’aile droite ? Et puis, comment avait-elle deviné que c’était lui ? Et pourquoi n’avait-elle pas appelé Fred avec ? Perdu dans ses réflexions, Hugo ne remarqua pas tout de suite qu’ils ne se dirigeaient pas vers le bureau de la directrice. Elle s’arrêta d’ailleurs aussi au seuil d’une autre classe pour appeler une élève de cinquième, Lisa Lambert. Une française, apparemment. Hugo ne la connaissait ni d’Eve ni d’Adam et l’histoire des Yo-yo hurleurs ne l’impliquait nullement. L’aiglon eut soudain très froid. Il plongea son regard dans celui, sérieux et embêté de la directrice. Il ne l’avait vu comme ça qu’une fois. Quand un élève de première s’était embourbé dans le marécage du quatrième étage laissé par Fred I et Georges Weasley, souvenir de leur passage à Poudlard. Eh bah, l’élève de première était embourbé jusqu’à la taille et s’était évanoui de terreur. On l’avait retrouvé la tête plongé dans la boue, il avait failli s’y noyer. McGonagall avait actuellement le même regard que lorsqu’elle avait rencontré les parents de l’élève. Hugo tenta de se rassurer en raisonnant qu’il n’avait pas d’enfants. Seulement, ils se trouvaient désormais devant la porte de l’infirmerie, ce qui n’était pas un lieu propice pour se calmer.
« Bien, écoutez-moi tous les deux. »
Hugo et Lisa échangèrent un regard inquiet. Hugo avait plutôt envie de dire à la directrice que si l’aile droite hurlait depuis deux jours c’est parce qu’il y avait des Yo-yo hurleurs cachés dans les armures. Ça pouvait peut-être la distraire assez pour qu’elle oublie ce qu’elle avait à leur dire.
« Sachez que la situation est sous-contrôle. Mais il faut quand même que je vous prévienne, après tout vous êtes le frère et la sœur des victimes. »
Situation sous-contrôle…ces mots ne firent curieusement aucun impact dans le cerveau d’Hugo. Il resta bloqué sur d’autres mots, plus importants.
Frère ? Victime ? Hugo imagina Rose, un couteau planté dans le thorax, le sang se répandant lentement autour de son corps. Ou alors, la tête fracassée au bas de la Tour des Gryffondors. Il dut s’appuyer contre le mur. Lisa, elle, s’était mise à trembler.
McGonagall avait un don pour ne pas inquiétez les personnes inutilement.
« Ils étaient au cours de potions, tous les deux, quand une potion a explosé. Ils n’ont malheureusement pas pu reculer à temps et ont été touchés par la potion, la goutte du mort vivant. »
Lisa poussa un petit cri d’horreur et Hugo se laissa tomber contre le mur, ses jambes ne le soutenant plus. Sa grande sœur était morte au cours de potion. La goutte du mort vivant l’avait recouverte, emportant son rire et sa vie. Plus jamais il ne se goinfreraient de bonbons à deux, plus jamais il ne disputeraient puis s’offriraient des cookies pour se faire pardonner, plus jamais ils n’iraient se balader pendant des heures aux alentours de la maison de leur grands-parents, en se racontant leurs secrets, leurs peurs, leurs envies. Rose avait été emportée par la goutte du mort vivant… Il devrait aller dire au revoir à son corps froid et recouvert par un tissu blanc et rêche. Il passerait le restant de sa vie en tête à tête avec ses parents. Jamais Ron et Hermione ne se remettraient de cette perte.
McGonagall du remarquer aux larmes de Lisa et à la pâleur de Hugo qu’elle s’était mal exprimée.
« Ils sont tous les deux en vie, à l’infirmerie. »
Ce fut au tour de Lisa de tomber contre le mur, en sanglotant de plus belle. Hugo, lui, regarda la directrice avec des yeux ronds. En vie ? Rose était en vie ? Alors ils pourraient encore se disputer à propos de qui était le meilleur aux échecs ? Le soulagement l’envahit.
Il se leva d’un bond, près à tabasser la directrice pour lui avoir fait si peur mais réussit par miracle à se contenir. Il posa ses mains sur ses hanches, furieux.
McGonagall ne releva pas le ton agressif. Visiblement elle se rendait compte qu’elle leur avait fait une peur bleu. Elle se contenta de poser sur l’aiglon son habituel regard sévère.
« Rose est dans le coma, elle était le plus proche de la potion qui a explosé. On ne sait pas quand elle va se réveiller. »
Génial, sa sœur était en vie mais dans le coma. Hugo inspira une grande bouffée d’air pour tenter de ne pas céder une nouvelle fois à la panique...trop tard. Paniquant, Hugo entra en trombe dans l’infirmerie. Il entendit à peine McGonagall qui précisait à Lisa que son frère, lui, s’était évanoui mais était déjà réveillé. Il faudrait juste le garder en observation.
Rose était là, allongée dans un lit au bout de la salle. Hugo posa sa main sur sa joue. Elle était chaude. Il dut à nouveau s’asseoir. Ca faisait un peu trop d’émotion en une fois.
Trois jours plus tard, la nouvelle avait fait le tour du château. Un crétin avait mal fait la goutte du mort vivant mais n’avait pas été prévenir le professeur qui, occupé à aider un autre élève, n’avait rien remarqué. Puis, alors que la potion allait exploser, l’élève s’était précipitamment reculé en criant à tout le monde de s’éloigner. Le frère de Lisa et Rose n’avaient pas pu s’éloigner à temps.
Mais le pire, pour Hugo, ça avait été la réaction de ses parents. Ils avaient carrément pété les plombs. Ron avait insisté pour que Rose soit transférée à Saint-Mangouste, après tout elle n’était toujours pas réveillée ! Hermione avait réussi à le convaincre que ce n’était qu’une question de temps, qu’ils avaient tout le matériel nécessaire à Poudlard. Mais par contre, elle s’indignait qu’il n’y ait pas plus d’assistants au cours de potion, surtout pour un cours aussi dangereux. Si Rose avait été plus près, elle aurait pu en mourir. McGonagall avait reçu des dizaines de lettres de parents protestant contre l’ insécurité, mais elle avait réussi à apaiser les esprits en promettant une remise en question du système. Ron et Hermione étaient venus à Poudard, le lendemain, pour voir leur fille et veiller à ce qu’elle ne manque de rien. Convenant avec la directrice qu’il valait mieux laisser Rose à Poudlard, vu que son état était stable et sous contrôle, plutôt que de créer un scandale. Hugo aurait voulu que sa sœur soit emmenée à l’hôpitale, mais il savait que ses parents étaient amis avec McGonagall et qu’ils ne voulaient pas qu’on ait des raisons de la critiquer. L’aiglon avait donc entreprit de poser toutes les questions possibles et inimaginables à l’infirmière et à ses assistants –des élèves du cursus de médecine- pour vérifier que sa sœur était hors de danger. Les réponses l’avaient convaincu et il s’était contenté de profiter de la visite de ses parents pour leur faire un gros câlin <3
Après avoir passé la journée à suivre les cours sans écouter, se demandant si Rose allait enfin se réveiller, Hugo sécha le cours d’Etude des Runes. Il demanda mentalement pardon à sa mère pour cet écart de conduite. Mais il préférait aller voir Rose maintenant plutôt qu’après les cours, quand toute la smalah allait vérifier que leur cousine n’était pas devenue un légume baveux et que les amis de Rose ne se relayaient pas pour veiller sur elle en espérant avoir l’honneur d’assister à son réveil. Lorsqu’il entra dans l’infirmerie, l’infirmière lui jeta un coup d’œil désapprobateur à travers ses lunettes. Faut dire qu’il venait toutes les heures, à grand renfort de bruit et qu’il aimait particulièrement faire ce qu’il ne fallait pas. Il avait accroché des ballons lumineux increvables à la tête du lit de Rose mais cette effusion de couleurs avait rendu l’infirmière dingue et elle les avait détachés. Alors, il avait apporté pleins de sucreries pour quand sa sœur se réveillerait, il s’était amusé à lui jouer de la flute traversière pour qu’elle se réveille. Ça aussi ça avait rendu l’infirmière dingue, mais étant donné que l’aiglon ne savait absolument pas jouer de la flute, c’était assez compréhensible.
« Bien le bonjour, madame ! Bonne journée ? »
Le ton guilleret de l’innocent. L’infirmière lui dit de repasser plus tard. Hugo leva un sourcil et lança un regard vers le lit de sa sœur. Et il croisa son regard. QUOI !? Rose était réveillée et cette vieille truie, au lieu de le lui annoncer, lui demandait de repasser !? L’aiglon sourit d’un air glacial à l’infirmière, lui signifiant clairement que si elle ne se bouge pas pour le laisser passer, il la bougera elle-même. Alors elle s’écarta. Hugo eut envie de lui dire qu’elle était une brave bê-bête mais se dit que cette femme pouvait empoisonner Rose si jamais elle se mettait vraiment à le détester.. Il courut donc vers sa sœur pour lui faire un gros câlin, comme demandé. La serrant doucement dans ses bras, il ne put s’empêcher de sourire comme un imbécile heureux. Elle n’était pas morte et elle n’était pas devenue un légume. Elle était toujours la même Rose, allergique à la solitude. Se reculant un peu pour pouvoir la regarder, il resta un instant silencieux à contempler la couleur de ses yeux ouverts. Elle avait de beaux yeux, sa sœur, c’aurait été bête qu’elle ne les ouvre plus.
« Non, non, la civilisation n’a pas disparu. Tout le monde est venu te voir comater ! Franchement, Rose, je sais que tu as besoin qu’on te prouve notre affection, mais te faire asperger par la goutte du mort vivant, c’était pas spécialement nécessaire. Quand McGo est venu me chercher pendant les cours pour m’annoncer qu’il y avait eu un problème à ton cours, j’ai cru que t’étais morte ! »
Il soupira d’un air blasé. Genre le frère qui s’en fout de sa sœur parce qu’après tout, ce n’est qu’une sœur. Mais il ne put s’empêcher d’avoir les yeux brillant. Depuis trois jours, à chaque fois qu’il se rappelait de ces quelques secondes pendant lesquelles il avait cru sa sœur morte, il ne pouvait s’empêcher de trembler. Il se rendait compte qu’il l’aimait, ce petit truc roux.
« En plus papa et maman sont devenu complètement dingues. Dommage que tu dormais, toute cette agitation, ça t’aurait bien fait rigoler. »
Il sourit. C’était bon de retrouver sa sœur. Oh, et il fallait toujours répondre à sa question… Il secoua la tête d’un air attristé.
« Pff… Une heure ? Tu rigoles ? Ca fait presqu’un mois que tu te la joue belle au bois dormant ! Mais les sorciers ne connaissant que les Contes de Beedle le Barde et aucun d’entre eux n’a tenté d’être ton prince charmant... »
Sans doute aussi parce que c’était une princesse charmante qu’il lui fallait. Mais bon, Hugo ne sait pas que sa sœur aime Oxana, parce que Rose est vile et méchante et qu’elle ne lui dit rien TT
Ah et pour ceux qui sont attentifs, ça ne faisait que trois jours que Rose était dans le coma. Pas un mois. Mais sérieux, Hugo ne pouvait pas manquer une occasion pareille, hein ? Bon, d’accord, il risquait de se faire trucider par Rose quand il lui dirait que ça ne faisait que trois jours, mais c’est justement ça qui lui avait manqué. Le son strident de la voix de sa sœur qui le traite de petit crétin. ♥ Et puis Rose le connaissait, son petit frère. Et sa"blague" était tellement prévisible, qu'à tous les coups, elle ne le croirait même pas.
Ouvrant joyeusement son sac agrandit de l’intérieur et allégés par les sors appris par maman Hermione, Hugo se mit à y fouiller pour trouver du chocolat. Rien de mieux qu’une chocogrenouille quand on vient de dormir pendant trois jours.
Finalement, il dégota un sachet remplit de Chocoballes, de Fondant du Chaudron, de Patacitrouilleset autres trucs miamant. Il le posa sur le lit de Rose et se prit une poignée Dragées Surprises de Bertie Crochue. Gout eau de javel pour la première. Sympa…