C’est avec tristesse et émotion que de nombreux sorciers sont allés poser une fleur blanche sur la tombe des enfants martyrs, toute la journée d’hier, pour l’annonce de la mort de la petite Zooey. Cette statue, sujette à controverses l’année de sa création, était sensé représenter tous les nés-moldus que le ministère n’a pu sauver de la prétendue mauvaise gérance de leurs familles moldues. Et depuis ce matin, de nombreux sorciers se sont déplacés et se déplacent encore pour y poser une fleur blanche, signe de deuil et de mort, aux pieds de cette statue, pour marquer leur tristesse à l’annonce de la mort de Zooey Richards, dans le coma depuis deux jours à Sainte-Mangouste. Depuis l’annonce de sa mort, à neuf heures hier matin, l’Angleterre magique gronde, à la fois contre le ministère et contre les moldus. Rappelez-vous : deux jours plus tôt, cette petite fille de cinq ans était prise en urgences à l’hôpital magique pour réanimation magique et sauvetage. Malgré tous les soins apportés par le personnel de l’hôpital, la petite fille n’a malheureusement pas survécu à son traumatisme, déjà à un stade trop avancé pour que les guérisseurs ne puissent faire quoi que ce soit. Mais que s’est-il réellement passé ? Qu’est-ce qui a conduit la petite demoiselle à un état si dramatiquement irréversible ? Pourquoi le personnel de l’hôpital, pourtant si qualifié, n’a-t-il pu rien faire pour aider cette petite fille ?

C’est à l’hôpital Sainte-Mangouste que la petite Zooey Richards est prise en urgence par le personnel hospitalier. Après quelques minutes de recherches, nous retrouvons un des guérisseurs en charge de la petite fille de cinq ans, qui accepte de témoigner à condition de rester anonyme. « A mon avis, le problème ne vient pas de Sainte-Mangouste, mais du ministère de la magie. En effectuant quelques tests pour voir si la cause ne serait pas la première manifestation de ses pouvoirs, il s’est avéré que notre petite patiente les avaient déjà manifestés, et que sa première fois remontait à il y a trois semaines. Qu’à fait le ministère ? Rien. Pourtant, le ministre de la magie nous assure que, dès que les pouvoirs d’un sorcier né-moldu se manifestent, des agents du ministère viennent le chercher pour le placer dans un environnement où il sera mieux encadré. En trois semaines, cette pauvre enfant a eu le temps de manifester plusieurs fois ses pouvoirs, et personne n’est venu la chercher. » Quand nous demandons au guérisseur si, à son avis, la famille moldue a aussi des responsabilités dans cet accident, il commence par faire la moue, puis se montre prudent pour n’offenser personne. Cependant, quand nous lui assurons de rester objectifs, il finit par accepter de donner son avis. « Franchement, je ne sais pas, même si j’ai tendance à penser que oui. C’est la première mort d’enfant né-moldu depuis l’installation de ce système, je ne peux assurer qu’il n’y en avait pas avant. Mais je pense que ce qu’il vient de se passer prouve qu’on ne peut pas laisser aux moldus l’éducation des sorciers. Pas parce qu’ils sont inférieurs ni quoi que ce soit, mais parce qu’ils ne connaissent rien à la magie, ils prennent les pouvoirs de l’enfant comme quelque chose de dangereux et essayent à tout prix de le brider. Et cela conduit à des choses de ce genre. »

Le ministre de la magie, lui, se montre bien plus direct sur le sujet. Hier après-midi, à quinze heures, il a prononcé une élocution poignante devant la statue des enfants martyrs pour rappeler à tous la nécessité de placer les enfants nés-moldus dans des foyers spécialisés, bien que cela conduise à la cruelle séparation des parents et de l’enfant. Quand, quelques minutes après, nous lui rapportons les propos du guérisseur, le ministre de la magie a déjà des réponses à donner à nos lecteurs. « Sachez que le ministère de la magie regrette ce dramatique évènement. La mort d’un enfant est toujours triste, surtout quand elle est due à la négligence des adultes. Mais cette regrettable mort sera la dernière, je peux vous l’assurer. A partir d’aujourd’hui, plus de moyens seront alloués au service de détection, et nous recruterons bien plus d’agents chargés d’aller chercher les enfants. Soyez assurés que ceci ne se renouvellera pas. » Le ministre passe alors de longues minutes à nous exposer les moyens qu’il compte mettre en œuvre pour ne pas reproduire cette erreur. Un budget mensuel de 200 000 gallions sera alloué au service de détection, et près de cent à deux cent agents seront recrutés dans tout le pays. Cependant, le ministre reprend la parole pour conclure l’entretien. « Cela n’est pas seulement du à une négligence du ministère de la magie. Comme nous le disons depuis de nombreuses années maintenant, cela prouve que nous ne pouvons pas laisser les enfants sorciers aux mains des moldus. J’espère que cet évènement est assez clair pour montrer à ceux qui clament le contraire que non, les enfants nés-moldus ne trouveront pas l’encadrement nécessaire en restant chez leurs parents moldus. »

Aujourd’hui encore, les sorciers n’ayant pu le faire se succèdent devant la statue des enfants martyrs pour poser une rose blanche à ses pieds. Alors que nous y repassons, nous croisons Harry Potter, chef du bureau des Aurors, ainsi qu’Hermione Weasley, directrice du département de la justice magique. Les deux sont très clairs. Madame Weasley est invitée à prendre la parole la première. « Je suis née-moldue, vous savez, et j’ai eu à souffrir de cela durant toute ma scolarité. Que le ministère prône l’égalité, c’est bien, mais il y a des limites. Croyez-vous que j’ai été mal éduquée ou mal prise en charge parce que mes parents sont moldus ? Allons, c’est ridicule. Les nés-moldus n’ont rien à craindre en restant avec leurs parents. » Le Survivant semble partager le même avis que la directrice du département de la justice magique. « Ce n’est pas parce que je n’ai pas eu une enfance rose que tous les sorciers nés dans des familles moldues auront la même que moi. Séparer un enfant de ses parents est une chose que je ne cautionne pas, surtout si c’est pour le placer dans un prétendu foyer où on s’occupera bien de lui. Et quel foyer ! Les gosses y sont parqués en nombre et sont surveillés comme du bétail par un personnel qui n’éprouve pas le moindre amour pour eux. Soyons humains et rendons leurs enfants aux parents. Tous les parents aiment leurs enfants même s’ils sont différents, et ce n’est pas parce qu’il y a quelques personnes qui prennent peur qu’il faut généraliser de suite. »

Ainsi prend fin cet article, qui pose cependant de nombreuses questions. Qui est responsable ? Le ministère ou les parents ? Vaut-il mieux laisser les enfants avec leurs parents ou embaucher plus de monde pour les sauver de la prétendue incapacité moldue à gérer cette magie qu’ils ne comprennent pas ? Une chose est sûre, le ministre de la magie nous a promis qu’il débloquerait des fonds pour parer à ce problème. Nous attendons maintenant qu’il le fasse.